L’histoire derrière le film
En 1949, René Vautier, jeune Breton de 21 ans, ancien résistant décoré de la Croix de guerre en 1944, fraichement diplômé de l’IDHEC (aujourd’hui La Fémis), part en Côte d’Ivoire tourner des images pour le compte de la Ligue de l’enseignement. Le film est destiné aux élèves des lycées et des collèges de France, afin de montrer comment vivent les villageois d’Afrique Occidentale. Le jeune réalisateur arrive sur place sans idées préconçues sur la présence française en Afrique… Il tourne… Les autorités reprochent au réalisateur de ne pas se plier au décret de Pierre Laval datant de 1934 interdisant les prises de vues en Afrique Occidentale Française sans l’accord du gouverneur. Recherché pendant les dix jours de tournage, expulsé officiellement, il s’enfuit de Bamako et filme clandestinement sur un trajet de mille kilomètres : traces d’oppression, de répression, villages brûlés, et autres violations des Droits de l’Homme… Au terme d’un périple de plusieurs mois, il réussira, grâce à la solidarité d’Africains, de pêcheurs bretons, de juges et de douaniers, à rapatrier les bobines du film. C’est enfin par un subterfuge à la caserne de gendarmerie de Reuilly à Paris qu’il sauvegardera un quart des pellicules pour monter Afrique 50.
Bobo-Dioulasso. Dans l’histoire du cinéma français, c’est le premier film ouvertement anticolonialiste. Il fut censuré en France de 1950 à 1990, et valut à René Vautier treize inculpations et une condamnation à un an de prison. En 1955, le film a obtenu le prix du Meilleur Documentaire Mondial des jeunes réalisateurs au Festival mondial de la jeunesse à Varsovie et a été classé parmi les « trois meilleurs documentaires de l’année » par le jury des professionnels du cinéma du prix Louis Lumière. En 1996, en une séance officielle organisée à Beaubourg sous l’égide de la Cinémathèque Française, le représentant de l’audiovisuel du Ministre des Affaires Étrangères remet à René Vautier une copie 16 mm d’Afrique 50, en précisant par une lettre que ce film « courageux et nécessaire avait été projeté par les soins du Ministère des Affaires Etrangères dans plus de 50 pays pour montrer au monde que dès 1950 existait en France un sentiment anticolonialiste prononcé ».
Equipe & Casting
Réalisateur : René Vautier
Scénario : René Vautier
Programmation & Présentation
Présentation et discussion avec René Vautier, réalisateur
Wednesday, March 28 – 9:00 a.m at the Ukrop Auditorium (UR) ~ 1h35 ~ General Audience