Synopsis
Dans la charmante ville portuaire française du Havre, le destin va mettre un jeune réfugié africain sur la route de Marcel Marx (André Wilms), un ancien écrivain, cireur de chaussures un peu bohème. Avec son optimisme inébranlable et le soutien sans faille de sa communauté, Marcel va se dresser contre les autorités qui s’échinent à retrouver le petit pour le renvoyer dans son pays.
Entre le cinéma classique de Jean-Pierre Melville et Marcel Carné et la réalité de la société française actuelle, ce film est aussi délicieux que désopilant.
Equipe & Casting
Réalistaeur : Aki Kaurismäki
Scénario : Aki Kaurismäki
Avec : André Wilms, Kati Outinen, Jean-Pierre Darrousin, Evelyne Didi, Blondin Miguel, Elina Salo, Quoc Dung Nguyen, François Monnié, Pierre Etaix, Jean-Pierre Léaud
Programmation & Présentation
Présenté par des invités spéciaux
Sunday, April 1 – 5:00 p.m at the Byrd Theater ~ 1h33 ~ General Audience
Plus d’informations
Choisissez une photo pour voir la filmographie (source : IMDB)
◊ Note d’intention d’Aki Kaurismäki
Le cinéma européen traite peu de l’aggravation continue de la crise économique, politique et surtout morale causée par la question non résolue des réfugiés. Le sort réservé aux extracommunautaires qui tentent d’entrer dans l’Union Européenne est variable et souvent indigne.
Je n’ai pas de réponse à ce problème, mais il m’a paru important d’aborder ce sujet dans un film qui, à tous égards, est irréaliste.
◊ Entretien avec Aki Kaurismäki, par Christine Masson
D’où vient l’idée de ce film Le Havre ? De la situation de plus en plus terrible de ces populations qui fuient leur pays ? Ou vouliez-vous tout simplement tourner un autre film en France ?
J’avais l’envie de faire ce film depuis quelques années mais je ne savais pas où le tourner. En fait, l’histoire pourrait se dérouler pratiquement dans n’importe quel pays européen, sauf peut-être au Vatican, ou justement là-bas. Les endroits les plus logiques auraient évidemment été la Grèce, l’Italie ou l’Espagne parce qu’ils sont les plus durement touchés en la matière (pour le dire gentiment). Toujours est-il que j’ai parcouru en voiture toute la côte depuis Gênes jusqu’en Hollande et j’ai trouvé ce que je voulais dans cette ville du blues, de la soul et du rock’n’roll qu’est Le Havre.
En France, notre devise est « Liberté, Égalité, Fraternité ». Il semble que vous n’en ayez gardé qu’une seule valeur, la Fraternité ?
Les deux premières ont toujours été trop optimistes tandis qu’on trouve la fraternité partout, même en France !
La « Fraternité » qui unit les habitants de ce quartier du Havre va protéger le jeune garçon. Mais elle n’existe plus beaucoup dans la vraie vie, si ?
J’espère bien qu’elle existe encore. Sinon nous vivrions déjà dans cette société de fourmis dont Ingmar Bergman disait souvent qu’elle adviendrait après nous.
On a l’impression que, plus le monde devient violent, plus vous avez foi en l’être humain. Êtes-vous devenu désespérément optimiste ?
J’ai toujours préféré la version du conte où le Petit Chaperon Rouge mange le loup et non le contraire, mais dans la vraie vie, je préfère les loups aux hommes pâles de Wall Street.
Avez-vous rencontré des immigrants illégaux pour écrire ce film ?
Non, mais à d’autres occasions, bien sûr.
Pour symboliser cette immigration vous avez choisi un jeune garçon venu d’Afrique. La jeunesse symboliserait-elle l’espoir ?
Il n’y a pas de symbole dans mes films, mais en général, je fais plus confiance aux jeunes gens qu’aux personnes comme moi, ce qui n’est pas difficile. En tout cas, j’ai une confiance aveugle en Blondin Miguel, qui joue le garçon.
Avec le film Le Havre, vous avez agrandi votre famille d’acteurs. Il y a Jean-Pierre Darroussin, par exemple. Et pourtant, on a l’impression qu’il a toujours fait partie de la famille…
En fait, il a toujours été dans les parages, mais je ne l’avais pas laissé jouer, il nettoyait seulement le studio en fin de journée… [rires]
Est-ce un défi particulier de diriger des acteurs Français ?
Seulement un privilège.
Comme ce fut le cas pour La Vie de bohème, vous semblez attaché à la France de l’après-guerre, des années 50. Êtes-vous nostalgique de cette époque ?
Je suis simplement un peu lent. L’architecture moderne me fait mal aux yeux. Mais les années 70 commencent maintenant à avoir du style… Par ci, par là. Heureusement, hier est toujours là.
Il en va de même pour vos références cinématographiques : Bresson, Becker, Melville, Tati, René Clair, Marcel Carné… Une part de chacun d’eux semble présente dans votre film.
Certainement et je l’espère parce que je n’ai rien apporté de nouveau. J’ai étudié quelques films de Marcel Carné, mais je n’ai pas réussi à lui voler beaucoup. Pour cela, j’aurais dû passer du conte semi-réaliste au vrai mélodrame.
De la culture française, vous avez aussi retenu un chanteur : Little Bob, également présent dans le film. Est-il une vraie référence musicale pour vous ?
Le Havre est le Memphis français et Little Bob – aussi connu sous le nom de Roberto Piazza – est l’Elvis de ce royaume tant que Johnny Hallyday reste à Paris. Et même si ce n’était pas le cas, ce serait un duel sympathique !
Avez-vous réalisé le film que vous aviez en tête avec Le Havre ?
Plus ou moins, je l’espère…