Synopsis
Jacques passe ses journées à peindre, enfermé dans son appartement où ses œuvres s’entassent. Il espionne ses petits voisins, deux enfants turbulents, qui s’immiscent dans sa vie et brisent sa solitude.
Equipe & Casting
Réalisatrice : Elodie Fiabane
Scénario : Elodie Fiabane
Producteur : Go Light Prod
Avec : Rufus, Lisa Shuster, Tarah Guarguir, Hugo Liberman
Programmation & Présentation
Présentation et discussion avec Elodie Fiabane, réalisatrice
Saturday, March 23 – 8:00 a.m at the Byrd Theater ~ 18 min ~ General Audience
Plus d’informations
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J’ai écrit Je veille sur vous pour montrer la solitude d’un vieil homme qui considère que sa vie est derrière lui, et que la vie présente n’a pas d’intérêt. Si le constat est triste, l’homme ne se laisse pas abattre pour autant, et recrée tout un univers fictif autour de lui pour continuer sa vie, celle qu’il aime, celle d’avant, au prix qu’elle ne soit qu’illusion. Ce thème me permet d’une part de traiter de la folie ordinaire qu’entraîne la solitude (parler tout seul en croyant s’adresser à ceux qui nous manquent…), d’autre part, cela me permet d’évoquer métaphoriquement la position de l’artiste – en l’occurrence, celle du cinéaste puisque les vitraux du vieil homme font référence aux lanternes magiques, les balbutiements du cinéma – qui ne se sent pas à sa place dans la vie et qui recrée son monde d’illusion autour de lui, son idéal.
Si les thèmes abordés peuvent paraître assez graves, la solitude d’un homme qui ne voit plus sa famille est un fait classique pour lequel je souhaite un traitement très drôle et léger jusqu’au dévoilement final (les vitraux). Le vieil homme, Jacques, est un personnage amusant, et aussi enfantin que ses deux petits voisins. Jacques est comme un enfant unique qui s’ennuie et qui transforme tout en jeu pour lui-même : ses chaussons sont des animaux de cirque, sa perceuse un jouet, les bruits des voisins des indices suspects qu’il espionne, et aller chercher le courrier dans la boîte aux lettres au rez-de-chaussée alors qu’il habite au premier devient une grande expédition… Cependant Jacques n’est jamais ridicule car il a conscience de vivre dans l’illusion. C’est sa façon d’être heureux, de continuer à vivre. Rufus est le comédien auquel j’ai rêvé pour le rôle de Jacquess. Il lui apporte son côté lunaire, clownesque et sa douce folie.
J’ai travaillé une image très contrastée dans Je veille sur vous : Jacques, constamment entre ombre et lumière, gagne de plus en plus en ombre pendant le film. Il rejoint ainsi le monde des ombres qu’il a crée, son monde. J’ai également joué de la profondeur de champ afin de pouvoir isoler ce personnage. A plusieurs reprises, Jacques apparaît donc dans l’image seul et net, devant un fond flou. Grâce à l’image, j’ai ainsi pu montrer l’enfermement de ce personnage dans son monde d’illusion, dans ses souvenirs flous qu’il ressasse.
Avec Je veille sur vous, j’ai réalisé le deuxième volet de ma trilogie du souvenir : trois films dans lesquels le personnage central se souvient d’un moment fort de sa vie grâce à l’art qui est ainsi présenté comme une lutte contre le provisoire. Dans Esquisse le premier volet, le personnage principal se souvenait d’une histoire d’amour passée grâce à un dessin. Dans Je veille sur vous, le personnage s’attache à une période de bonheur banal de la vie de famille grâce à son installation d’images et de sons, bref, grâce au cinéma.