Présentation et discussion avec Patrick Ridremont, réalisateur et acteur & Jean-Luc Couchard, acteur
William Lamers, 40 ans, anonyme criminel condamné à mort pour meurtre, se prépare à être exécuté. La procédure se passe dans l’indifférence générale et, ni la famille du condamné, ni celle de ses victimes n’a fait le déplacement pour assister à l’exécution. Seul le journaliste d’un minable tabloïd local est venu assister au «spectacle». Pourtant ce qui ne devait être qu’une formalité va rapidement devenir un véritable cauchemar pour Karl Raven, le directeur de la prison. Au moment où on lui demande s’il a une dernière déclaration à faire, le condamné se met à parler. Très vite cette histoire devient un enjeu politique et une attraction médiatique. Et tout le monde est pendu à l’histoire de ce condamné transformé en Shéhérazade des temps modernes.
Equipe & Casting
Réalisateur • Patrick Ridremont
Scénario • Patrick Ridremont, Jean-Sébastien Lopez
Producteurs • Serge De Poucques, Sylvain Goldberg, Lilian Eche, Christel Henon
Avec :
Patrick Ridremont, François Berléand, Virginie Efira, Christian Marin…
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Patrick, comment raconter le film ?
Il ne faut pas avoir peur de planter le décor : c’est donc l’histoire d’un condamné à mort dans une prison désaffectée. Il est le seul pensionnaire de l’endroit : avec lui, il y a le directeur, un garde, une infirmière. Pas beaucoup de monde. On est en retard. Le directeur est pressé. Alors, on respecte la procédure, mais chacun voudrait que les choses se terminent assez rapidement. Le curé est un peu en retard, l’infirmière est sourde et maladroite. L’exécution prévue à vingt heures commence à vingt heures dix. Au moment où on lui demande s’il a une dernière déclaration à faire, le condamné se met à parler: il parle, il parle, il parle. S’arrête. Tout le monde regarde sa montre, prêt à faire signe au bourreau. Mais l’homme se remet à parler. Le directeur aimerait bien que ça cesse, mais il semble bien que la loi ne l’autorise pas à abréger l’ultime déclaration. Il faut que le prisonnier cesse de parler pour que l’exécution puisse avoir lieu. Alors on laisse parler le prisonnier. À minuit, on le ramène dans sa cellule pour l’en ressortir le lendemain soir à 20h. Très vite cette histoire devient un enjeu politique et une attraction médiatique. Et tout le monde est pendu à l’histoire de ce condamné transformé en Shéhérazade des temps modernes. Chaque jour entre vingt heures et minuit, il a le pouvoir. On fait attention à lui, il ne s’en prive pas.
Comment pourrait-on décrire le film ?
C’est une fable tragique, avec un supplément d’humour. Il y a une vraie tension dramatique, le sujet est terrible : ce type on va le tuer, on n’est pas là pour rire. Mais en même temps, on ose le contrepoint: un gouverneur grotesque qui ne comprend rien à rien. Ça fait rire, mais on rit aussi pour ne pas pleurer. En plus, il y a le contexte: il n’est pas défini. Où sommes-nous? Qu’est-ce que cette prison avec un seul prisonnier? Et ce parc tout autour? On n’est nulle part et on est partout. C’est le principe de la fable.
Votre film est totalement original, mais sa dualité rire/grincements de dents est très belge. Et puis, on ne peut pas s’empêcher en le voyant, de penser aux premiers films des frères Coen.
C’est très clairement une référence pour moi. Je voulais que les codes soient clairs et évidents. On trouve cela chez les frères Coen: les méchants ont l’air méchant, les beaux gosses ont des têtes de beaux gosses. Pas d’ambiguïté. J’avais ce même objectif : je voulais que le gouverneur soit très con, que le directeur de la prison soit très cynique. Après, le talent des comédiens comme de la finesse et des nuances à ces personnages fait le reste. Mais moi, en tant qu’auteur, je voulais des lignes directrices très claires et des partis pris artistiques sans concession.
En plus de diriger votre premier long métrage, vous avez décidé de jouer dedans. Ça n’a jamais été un défi trop oppressant ?
À un certain moment, il a effectivement été un peu oppressant. Il y a donc eu non pas de vraies tergiversations, mais une hésitation assez naturelle et des questions: est-ce que je fais les deux? Est-ce que je réalise? Est-ce que je joue? Mais ça n’a pas duré longtemps. Je crois aux lignes directrices: il n’y a de vent favorable que pour ceux qui savent où ils vont. Donc à un moment, on se dit : OK je fais ce que j’ai envie de faire et je me donne les moyens de réussir.
Une fois la décision prise, on se retrouve dans l’obligation de réussir son pari. Comment avez-vous mené à bien cette tâche passant devant et derrière la caméra ?
Pratiquement, ça s’est réglé de façon simple. Nous avions une doublure qui connaissait mon texte. Je mettais en scène le cadre avec la doublure qui donnait la réplique aux autres acteurs. Je voyais les choses, je réglais tout. Cette doublure jouait dans le ton et dans le rythme. C’est finalement un travail très ingrat pour ce comédien: il aura interprété mon rôle de A à Z et ne se retrouvera pas à l’écran. Une fois que c’était bon, je l’escamotais et je prenais la place. Une fois que je devenais acteur, je m’appuyais sur ma conseillère artistique, Coralie Closon, qui n’a jamais pris aucune pincette avec moi et qui venait me dire: “ce n’est vraiment pas terrible” ou au contraire “nickel, c’est tout à fait ça”. J’avais aussi mon producteur Sylvain Goldberg qui est très attentif et je pouvais compter sur François Berléand qui s’est beaucoup investi dans le film.
Dead Man Talking est un film difficile à vendre ?
Certains vont le penser. Mais pas du tout en fait (il rit). C’est un film atypique donc il faut oublier les étiquettes. C’est aussi un film de genre. Ça fait déjà quelques bonnes raisons d’avoir envie de le voir.
Dossier de presse “Dead Man Talking”
Français ~ 16 pages ~ 2,3 Mo ~ pdf