Présentation et discussion avec Philippe Le Guay, réalisateur et scénariste
A 80 ans, Claude Lherminier n’a rien perdu de sa prestance. Mais il lui arrive de plus en plus souvent d’avoir des oublis, des accès de confusion… Un état qu’il se refuse obstinément à admettre. Carole, sa fille aînée, mène un combat de tous les instants pour qu’il ne soit pas livré à lui-même. Sur un coup de tête, Claude décide de s’envoler pour la Floride. Qu’y a-t-il derrière ce voyage si soudain ?
Equipe & Casting
Réalisateur • Philippe Le Guay
Scénario • Philippe Le Guay et Jérôme Tonnerre
Directeur de la photographie • Jean-Claude Larrieu
Producteurs • Jean-Louis Livi et Philippe Carcassonne
Avec :
Jean Rochefort, Sandrine Kiberlain, Laurent Lucas, Anamaria Marinca…
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Comment avez-vous développé le scénario avec Jérôme Tonnerre ?
J’ai découvert Le Père, la pièce de Florian Zeller, au théâtre. C’est la première fois que j’adapte une œuvre préexistante. Il ne s’agissait en aucun cas de filmer une captation améliorée. Florian Zeller nous a lui-même poussés à nous éloigner de la forme théâtrale. Au cinéma, le champ-contrechamp installe immédiatement la subjectivité du héros. Il suffit de passer du regard du personnage à ce qu’il voit pour installer le point de vue. Il fallait donc trouver un autre principe de récit, et proposer un espace différent de celui de la pièce. Nous avons cherché dans plusieurs directions et c’est Jérôme Tonnerre qui a trouvé le déclencheur en imaginant le personnage dans un avion. Ce voyage nous donnait une ligne directrice, en écho à la trajectoire d’un film. Rien n’est plus cinématographique évidemment qu’un personnage qui voyage d’un endroit à un autre. Ce voyage n’a rien d’imaginaire, ou de rêvé, même si le déroulement du récit apparaît, disons, comme un processus « mental » : on est dans la tête d’un homme. Rapidement, on s’est dit que cet homme aurait un but, une idée fixe : aller rejoindre sa fille qui habite en Floride. Du coup, on ne traite pas la partie « médicale » du dossier, les symptômes de la perte de mémoire. Je ne voulais pas brosser la chronique d’une maladie. Pour moi le film, c’est l’histoire d’un homme qui va voir sa fille en Floride…
Comment avez-vous eu l’idée de confier le rôle principal à Jean Rochefort ?
Ce rôle du « père » a quelque chose de shakespearien. Mais il y a aussi la possibilité de la fantaisie et de l’humour. Jean est un acteur total qui incarne ces deux facettes. Il a la liberté qu’on lui connaît dans les comédies d’Yves Robert ou de Philippe De Broca, avec cet œil frisant et cette malice ; et puis il y a la part sombre, la dureté, et même une certaine violence. Rochefort autorisait dans sa nature même de comédien ce mélange des tons et des genres.
Au niveau technique, comment avez-vous travaillé la lumière ?
Par les choix des décors. Avec Jean-Claude Larrieu, mon chef opérateur, nous voulions compenser la violence de la perte de mémoire par une image chaude et chatoyante. Il y a des couleurs tout le temps, dans la présence des lampes orangées, ou par les couleurs vives des costumes. On associe souvent la vieillesse au gris et au terne. Dans la vie, Jean Rochefort s’habille avec une palette très colorée et on a surenchéri dans ce sens. Avec Elisabeth Tavernier qui a créé les costumes, nous avions l’image de David Hockney en tête, célèbre pour ses tenues vestimentaires acidulées. D’ailleurs, on a fait fabriquer pour Jean les mêmes lunettes que celles du peintre anglais…
Et la musique ?
J’aime dans la musique de Jorge Arriagada sa dimension à la fois joyeuse et mélancolique. Je suis sensible aux phrases mélodiques qu’on peut chanter en sortant de la salle. La musique devait être un prolongement émotionnel du personnage, sans trop accentuer sa confusion mentale.
Jean Rochefort chante une chanson de Jean Sablon, « puisque vous partez en voyage »…
Je me suis rendu compte que cela faisait écho avec le thème du voyage en Floride. Cette destination du voyage nous est venue presque par hasard, puis elle s’est déclinée peu à peu en plusieurs motifs. Il y a la voiture Floride, le jus d’orange, il y a Miami et les palmiers… La Floride devient cet endroit mythique où on est protégé, où plus rien ne peut vous atteindre. C’est le lieu de l’apaisement, où tout ce qui vous fait violence dans la vie cesse de vous faire mal. Au fond, la Floride, c’est un peu la salle de cinéma, un écran-écrin où l’on peut rêver, où ceux qu’on aime sont à jamais avec vous…
Dossier de presse “Florida”
Français ~ 14 pages ~ 7,2 Mo ~ pdf