Présentation et discussion avec François Desagnat, réalisateur et scénariste
Hubert Jacquin, veuf depuis quelques mois, vit seul et déprimé dans son grand appartement. Suite à un quiproquo il va se retrouver à héberger Manuela, une jeune étudiante en recherche de colocation. Véritable tornade d’énergie, elle va le convaincre de faire venir de nouveaux colocataires : Marion, une infirmière un peu coincée et Paul Gérard, un jeune avocat largué par sa femme.
Telle une famille improbable, les quatre colocataires vont alors vivre une année pleine de surprises qui va permettre à Hubert de retrouver une joie de vivre et une vraie raison d’être.
Equipe & Casting
Réalisateur • François Desagnat
Directeur de la photographie • Vincent Gallot
Scénario • François Desagnat, Jérôme Corcos, Catherine Diamant and Stéphane Keller
Compositeur • Fabien Cahen
Producteur • Jérôme Corcos et Antoine Pezet
Avec :
André Dussollier, Bérengère Krief, Arnaud Ducret and Julia Piaton…
Choisissez une photo pour voir sa filmographie (source : IMDB)
Qu’est-ce qui vous a intéressé dans le scénario d’Adopte un veuf ?
Au départ, on m’a présenté un film sur une colocation improbable entre un veuf malheureux et une jeune étudiante qui sème la pagaille dans sa vie. J’y voyais l’histoire d’un homme qui n’a jamais eu d’enfant et qui tout d’un coup va devenir père. Cela m’amusait de construire une vie de famille sur une année : j’ai aimé garder ce fil conducteur en tête parce que je suis très attiré par les rapports familiaux, et notamment les relations père-fils. Cette thématique me touche particulièrement. La possibilité d’avoir ce récit en filigrane a été un véritable moteur dans mes intentions de mise en scène. J’ai dirigé les comédiens comme s’il s’agissait d’un « père », de sa « fille », de son « frère » et de sa « sœur ».
Même si c’est une comédie, le film aborde des sujets assez graves, comme le mal-logement et l’impuissance des soignants face à la maladie…
Ce qui me plait, c’est de pouvoir aborder ce genre de sujets par l’intermédiaire de la comédie. J’ai du mal avec les films « essentiels » qui veulent absolument raconter une histoire sociale ou une injustice. Je suis plus sensible aux grands sujets qui passent par le prisme des personnages, ou par un chemin narratif détourné. À mon avis, les thématiques ne doivent pas venir vampiriser le film : au contraire, elles lui donnent un appui réaliste. De même, j’avais envie d’inscrire l’aspect médical du récit dans la réalité. Mais il me semblait que c’était plus fort de raconter un épisode qui ne se déroule pas dans l’ordre des choses. Comme le film s’intéresse au passage à l’âge adulte, il fallait que le personnage de Marion (joué par Julia Piaton) traverse une épreuve et Hubert (le veuf interprété par André Dussollier) l’aide à passer ce cap.
Comment s’est passé le casting ?
D’un côté j’avais donc trois « jeunes » comédiens et face à eux un grand comédien confirmé, impliqué, doux et généreux. Le film est une rencontre de générations et cette rencontre s’est donc d’abord faite sur le plateau. Cela paraît une évidence de dire que Bérengère, Arnaud et Julia étaient très excités et heureux de travailler avec André. Celui-ci a pris un plaisir immense à se frotter à cette jeune génération et cela a créé une émulation rare qui, j’espère, est palpable à l’écran. André percevait une telle énergie de la part des « jeunes » qu’il n’a jamais voulu être en reste.
Hubert est un type qui s’est un peu desséché, mais qui se laisse émouvoir…
Avant la mort de sa femme, c’était un homme qui sortait beaucoup, qui allait voir des expos, qui aimait la musique… Il avait une vie sociale très riche. Ce qui m’intéressait, c’était que cette histoire enfouie ressurgisse par instant par des petits détails. Ainsi on peut discerner qui il était et la personne qu’il va pouvoir redevenir grâce à ses colocs – enfants qu’il n’a jamais eus.
Manuela est une jeune femme impétueuse, intrépide, entière…
C’est une fille qui se cherche : elle n’arrive pas à se poser et elle change de ville tous les ans au gré des rencontres. Ses études sont un prétexte et elle n’a aucune attache : elle n’a jamais connu son père et sa mère l’a trimballée à travers le monde au gré de ses expéditions. Contrairement à Hubert, elle aurait besoin de prendre le temps de trouver un équilibre. Sa rencontre avec Hubert l’aide à se retrouver avec elle-même et elle va comprendre qu’elle peut garder sa personnalité hors du commun tout en étant plus en paix avec elle-même.
Les deux autres colocataires sont plus réservés, mais d’une grande générosité.
L’histoire est centrée autour de la relation entre Hubert et Manuela : il fallait que les personnages secondaires ne fassent pas retomber l’attention, mais au contraire viennent pimenter notre histoire principale. Il fallait avoir beaucoup de plaisir à les retrouver. Une des grandes difficultés de l’écriture a donc été de creuser ces deux personnages secondaires. J’avais envie de raconter une histoire d’amour entre les deux et ils devaient donc être à la fois semblables et très différents. Hubert a une sorte de clairvoyance sur les gens. Il est touché par Manuela. Pour ces deux personnages, il sent qu’on peut leur faire confiance et qu’on peut aller vers eux.
Parlez-moi du choix de l’appartement.
On s’est demandé si on allait chercher un décor naturel ou pas. Ce lieu est fondamental et on devait sentir immédiatement qu’on est dans un appartement haussmannien d’un grand immeuble. J’ai confié l’histoire d’Hubert à la chef déco pour qu’elle façonne son intérieur. Le décor devait être un personnage à part entière à travers le fantôme de la femme d’Hubert. Il fallait aussi raconter comment étaient occupées les pièces de ce grand appartement d’un couple sans enfant. Ainsi l’atelier de la femme d’Hubert est devenu la chambre de Marion, le bureau d’Hubert est devenu la chambre de PG. Comme un personnage, le décor évolue tout au long du film de la pénombre à la lumière et au fil des transformations dues à l’arrivée des colocataires.
Quels choix avez-vous faits pour la mise en scène ?
C’est le deuxième film que je réalise tout seul. Je tenais à affirmer des choix de mise en scène justes et forts pour donner une identité au film. Mais pour l’anecdote, les plans les plus marquants, et qui j’imaginais allaient affirmer cette identité, ont été coupés au montage ! (rires) Au final, il reste l’essentiel de ce qu’on a tourné.
Nous avons tourné tout le film avec un système Stab One. Ce dispositif mêle la caméra à l’épaule et le Steadicam : c’est un système de gyro-stabilisation qui permet d’avoir en permanence la caméra à la main, sans le côté heurté de ce type de filmage. Au départ, c’est un choix économique mais comme toujours on essaie de faire d’une contrainte une force. Ainsi, nous avons souvent tourné de longs plans qui nous permettaient de suivre les personnages et d’être avec eux au plus près, tout en utilisant tous les recoins de l’appartement.
Quelle musique souhaitiez-vous pour le film ?
C’est la première fois que je collabore avec Fabien Cahen. J’avais une idée très précise de ce que je voulais : les BO de Rob Simonsen, jeune compositeur américain, qui a travaillé sur The spectacular show et Cet été-là. Je m’étais dit « c’est la couleur de la musique de mon film », quelque chose de très minimaliste, un peu folk, avec un mélange de guitare et de piano. J’ai discuté avec les personnes de la supervision musicale. On m’a envoyé 7 ou 8 démos de compositeurs que je connaissais ou pas, et c’est alors que j’ai découvert la musique de Fabien. Il y avait deux morceaux qui correspondaient exactement à ce que je voulais. On s’est rencontrés et on s’est rendu compte qu’on avait le même âge et qu’on partageait pas mal de choses en commun. Très vite, j’ai eu une réelle excitation à tenter l’aventure avec lui.
Dossier de presse “Adopte un veuf”
Français ~ 20 pages ~ 794 Ko ~ pdf