Un jour de juillet 1982, André Bamberski apprend la mort de sa fille Kalinka. Elle avait 14 ans et passait ses vacances en Allemagne auprès de sa mère et de son beau-père le docteur Krombach. Rapidement, les circonstances de sa mort paraissent suspectes. L’attitude de Dieter Krombach ainsi qu’une autopsie troublante laissent beaucoup de questions sans réponse. André Bamberski se lance alors dans un combat d’investigation de 27 ans qui deviendra l’unique obsession de sa vie.
Equipe & Casting
Réalisateur • Vincent Garenq
Directeur de la photographie • Renaud Chassaing
Scénario • Vincent Garenq and Julien Rappeneau
Compositeur • Nicolas Errera
Producteurs • Cyril Colbeau-Justin, Jean-Baptiste Dupont, Hugo Bergson-Vuillaume, Serge de Poucques and Sylvain Goldberg
Avec :
Daniel Auteuil, Sébastian Koch, Marie-Josée Croze, Christelle Cornil…
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Pourquoi avez-vous eu envie de faire un film sur André Bamberski ?
J’avais suivi son histoire et quand j’ai lu son livre j’ai craqué. J’ai été submergé par l’émotion, je l’ai lu en une nuit !
Qu’est-ce qui vous a bouleversé à ce point dans ce livre ?
J’ai été sidéré par sa persévérance, son obstination. Pendant trente ans, il n’a jamais démordu, il s’est battu comme un forcené pour que la vérité soit faite et que justice soit rendue à sa fille. Au fil du temps, il est devenu un spécialiste du droit, il en savait souvent plus que ses avocats. Aucun obstacle ne l’a arrêté. Et il a finalement réussi à vaincre l’immobilisme des justices française et allemande ! C’est du pain béni pour un scénariste. Il y a une dimension héroïque, très cinématographique, mais c’est aussi une histoire de paternité, ce qui me touche infiniment, car j’ai deux enfants qui sont la plus belle chose qui me soit jamais arrivée dans ma vie. La paternité est un sujet qui me hante et qui est au cœur de tous mes films.
L’autre point commun des « héros » de vos films est qu’ils ont tous réellement existé… Pour quelles raisons ?
Parce que la sincérité et la pureté qui émanent de leurs histoires me touchent, m’attirent irrésistiblement. Elles m’inspirent. L’inspiration de mes films, je ne la trouve jamais en moi, je la puise à l’extérieur, dans la vie des autres, quand elle éveille en moi une résonance particulière. Puis, en racontant leur histoire, par le processus de l’écriture, je m’identifie à eux et ça finit par donner une petite musique assez personnelle.
Et puis, je crois que la réalité est un terreau très inspirant, très fertile pour écrire. Elle génère plus de fraîcheur et de sincérité dans les films. Pour moi, une bonne histoire est une histoire qui a un ancrage dans le réel, dans la vraie vie. D’ailleurs, je n’aime pas les films de « scénaristes », j’y détecte les ficelles ou pire encore, les références cinéphiliques. Ils ne me touchent pas, contrairement à ceux qui respirent le vécu.
Avoir de l’empathie pour les gens vous est peut-être nécessaire pour faire un film. Mais sûrement pas suffisant. Qu’est ce qui déclenche chez vous la petite sonnette qui vous dit qu’il est l’heure d’y aller ?
Il faut une vraie histoire, bien sûr, une matière riche, avec des péripéties qu’on puisse dérouler, scénariser. Après, c’est très intuitif. C’est comme un coup de foudre. Je ne saurais donc l’expliquer rationnellement. Soudain l’envie est là, et ce sentiment d’urgence qui naît, comme ça un jour, aide beaucoup. Il donne, entre autres, les forces pour aller convaincre un producteur de se lancer dans l’aventure. Je n’ai jamais proposé à un producteur un sujet sans l’intime conviction qu’il y avait assurément un film au bout. Et même quand on y croit très fort, on tombe parfois sur des embûches. L’intrigue de L’Enquête sur l’affaire Clearstream, par exemple m’a donné beaucoup de fil à retordre. C’était passionnant, mais extrêmement complexe à écrire !
Faut-il aussi que, chacune dans leur genre, ces histoires paraissent « exemplaires » ?
C’est vrai. Tous mes films sont construits autour de personnages en apparence ordinaires, mais qui révèlent dans des situations hors norme, un caractère et une résistance extraordinaires devant le conformisme ambiant. C’est un trait commun. Et s’ils ne sont pas anticonformistes dès le départ, ils finissent par le devenir. Comme les autres raconte le combat d’un homosexuel qui veut un enfant. Présumé coupable, celui d’un homme accusé à tort de pédophilie. L’Enquête celui d’un journaliste face à la finance internationale. Et avec le personnage d’André Bamberski dans Au nom de ma fille, je crois que j’atteins les sommets de ce type de personnage, tant il a une capacité d’obstination inconcevable pour le commun des mortels !
Vous êtes un cinéaste de fiction et pas un documentariste, comment faites-vous pour respecter au plus près la vérité des gens dont vous retracez le parcours ?
J’avertis les intéressés du projet. Je leur explique dès le départ qu’on va raconter leur histoire avec le maximum d’exactitude possible, mais que, malgré toutes les précautions prises, ils ne s’y retrouveront pas complètement. Parce qu’adapter, c’est forcément trahir un peu. Ne serait-ce que par l’extrême simplification qu’il va falloir opérer pour raconter trente ans d’une vie en une heure trente de film seulement. Le challenge est donc de réinterpréter leur histoire, mais qu’à la fin ils s’y reconnaissent quand même, tout en faisant du cinéma ! Mon cauchemar serait qu’ils se sentent trahis au final par le film qui raconte leur histoire. Ils ont toutes les versions du scénario. Je les tiens au courant de toutes les étapes du processus du film. Pendant le tournage, j’envoyais quotidiennement les photogrammes du film à André Bamberski.
Grâce à cela, André pouvait « digérer » le film avec nous, mieux se préparer au passage à la fiction de son histoire et à la découverte du film. Et au final, quand il a découvert le film, il semblait satisfait. Je ne me rappelle plus les termes exacts qu’il a employés, mais il a parlé de « bon travail » et de « dignité ». Depuis le début, il était ravi du choix de Daniel Auteuil. Et au final je crois qu’il est très satisfait de son interprétation et de sa pudeur.
Comment avez-vous choisi les scènes qui figurent dans le film ?
Les scènes marquantes du film étaient déjà évoquées dans le livre. L’autopsie, l’exhumation du corps de Kalinka, le témoignage de la jeune fille violée par Krombach au procès en Allemagne, toutes ces scènes très fortes sont inspirées de la réalité. Pour l’aspect juridique, nous avons dû beaucoup simplifier. Trente ans de procédures, vous imaginez… Nous sommes allés à l’essentiel, à l’épure même. Sous peine de perdre la tension du film.
À cause de son sujet, votre film aurait pu se laisser aller à un racolage sentimental. Or, s’il dégage beaucoup d’émotion, à aucun moment il ne génère de voyeurisme.
J’ai une théorie sur l’émotion : plus on la retient, plus elle finit par jaillir avec force. Je ne cherche jamais à pousser l’émotion dans une scène en me disant « le spectateur va pleurer exactement ici ». Je préfère la retenir, rester pudique et digne, ne jamais franchir la ligne du « mélo ».
Laisser le spectateur libre de pleurer là où il veut, s’il veut. André Bamberski, qui est un homme très pudique, a, je crois beaucoup, apprécié cette tenue du film. Daniel Auteuil également qui n’aime pas aller dans l’étalage des sentiments.
Depuis que je fais du cinéma, je me suis toujours efforcé de ne pas aller à l’émotion facile, de ne pas susciter le voyeurisme. C’est pour ça que je n’aime pas qu’on m’associe aux « faits divers », comme si j’étais un cinéaste racoleur. Je trouve ce raccourci impropre me concernant. Je fais des portraits d’hommes. Ce sont des hommes comme Alain Marécaux, Denis Robert et André Bamberski qui m’ont attiré dans leurs histoires. Il se trouve qu’elles se sont déroulées parfois dans des « affaires » connues, mais ce n’est jamais cela qui m’a attiré en premier. Ce sont leurs parcours d’hommes.
Avez-vous rencontré la maman de Kalinka ?
C’est André Bamberski qui nous l’a proposé. Et elle a accepté de nous donner sa version des faits, qui est donc également représentée dans le film. Là encore, André n’était pas forcément d’accord avec cette version des faits, mais il a eu l’ouverture de laisser se glisser cet autre point de vue dans le film. C’est une grande satisfaction pour moi d’être parvenu à cela, alors qu’ils ne se parlent plus dans la vie. Un auteur se doit d’aimer tous ses personnages, de les comprendre. Et pour ce personnage qui suscite bien des questions dans le film, je me suis cantonné à une vision très simple : elle est dans le déni. C’est le seul mécanisme de défense qu’elle ait trouvé pour ne pas s’effondrer.
Pourquoi avez-vous fait appel à Daniel Auteuil pour incarner André Bamberski ?
C’était une évidence. Quand j’ai commencé à écrire le scénario avec Julien Rappeneau, j’ai pensé tout de suite à lui, sans pouvoir envisager quelqu’un d’autre. Daniel est un immense acteur, il possède une intériorité exceptionnelle, il peut exprimer une dévastation intérieure par un simple regard, comme dans L’Adversaire ou Un cœur en hiver… Il nous manquait dans ce registre-là et je crois qu’on l’y retrouve avec bonheur dans ce film. Ce rôle était pour lui. Et comme par hasard, il m’a donné son accord immédiatement.
L’esthétique de votre film participe aussi beaucoup à l’impression de rigueur qui s’en dégage… Couleurs, lumière, décors, et même, mouvements de caméra… Tous ces éléments participent d’une même volonté de sobriété…
J’essaie de mettre la véracité de l’histoire et des personnages en avant, de faire oublier qu’on est au cinéma. Donc, la sobriété s’impose. En ce qui concerne les couleurs du film, il n’y a pas eu de traitement particulier. Il y a juste le contraste de la lumière du Maroc, très solaire, et celle très grise de l’Allemagne. Ce contraste a permis de varier les ambiances du film et de donner l’impression d’y voir passer les années. Pour les décors, on a choisi de tourner dans les Pyrénées qui incarnent mieux la province et offrent des paysages sublimes. André Bamberski habite réellement Toulouse, mais il nous a semblé que Pau incarnerait mieux une petite ville des années 70. Et puis on y a trouvé cette maison, construite sous un cimetière. Elle s’est imposée à nous comme le décor principal du film. Je fais toujours très attention aux décors, à la musique. Ils apportent une dimension supplémentaire aux films.
Quelle image aimeriez-vous que les spectateurs emportent de votre André Bamberski, celle d’un homme que l’amour pour sa fille a grandi ?
C’est certain. Il a comme sublimé cette effroyable disparition en une très belle histoire d’amour et de devoir. C’est très difficile de mettre des mots là-dessus, d’analyser pourquoi cette histoire dégage une telle beauté, une telle poésie, pourquoi elle nous touche tant ? Une des premières spectatrices du film m’a dit « qu’elle aurait aimé avoir un papa comme celui-là ». De repenser à cette réaction-là, me donne envie de pleurer. Voilà… Peut-être que cette histoire est juste une sublime histoire d’amour d’un père pour sa fille.
Dossier de presse “Au nom de ma fille”
Anglais ~ 9 pages ~ 163 Ko ~ pdf
Dossier de presse “Au nom de ma fille”
Français ~ 15 pages ~ 1,6 Mo ~ pdf