Présentation et discussion avec Philippe Torreton, acteur
Juillet 1942. Emmené à l’hôpital de Garches pour une jambe cassée, Maurice Gutman, 12 ans, évite de justesse la rafle qui va emporter sa famille. À l’hôpital, le docteur Daviel lui diagnostique une tuberculose et lui impose un long traitement. Maurice et huit autres jeunes pensionnaires vont vivre, avec le personnel hospitalier, une expérience inoubliable, faite de preuves d’amitié, de solidarité et de courage extraordinaire. Ce sont les enfants de la chance et leur histoire est vraie.
Equipe & Casting
Réalisateur / Scénariste • Malik Chibane, d’après une histoire vraie
Directeur de la photographie • Lubomir Bakchev
Compositeur • Adrien Bekerman
Producteur • Manuel Munz
Avec :
Philippe Torreton, Mattéo Perez, Mathias Mlekuz, Pauline Chevillier…
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Note d’intention du réalisateur Malik Chibane
Le réalisateur Malik Chibane a porté à l’écran l’expérience vécue de Maurice Grosman, adolescent durant la répression antisémite de la Seconde Guerre Mondiale. Dans le film, il donne au personnage réel le nom fictif de Maurice Gutman.
Nous n’arrêterons jamais d’essayer de comprendre l’époque de l’Occupation, malgré les nombreux témoignages, les ouvrages et des œuvres majeures que nous connaissons, je suis convaincu que l’on peut encore revisiter cette partie de notre histoire en développant un nouveau point de vue. Les générations à venir ne rencontreront pas ces miraculés comme Maurice Grosman, alors le cinéma peut faire découvrir ces héros, avec la narration qui lui est propre et l’immense pouvoir d’identification propre à cet art.
Les films qui alternent entre grande et petite histoire sont un genre cinématographique à part entière que j’apprécie particulièrement en tant que spectateur ou réalisateur. La réalité dépasse constamment la fiction, et, en qualité de raconteur d’histoire, j’aime que la connaissance de ce fait réel, qui inspira un film, soit le fruit d’une rencontre. Les Enfants de la chance est l’aboutissement de plusieurs rencontres avec Maurice Grosman.
Je suis profondément sensible aux évènements historiques qui balaient ou influencent à jamais l’existence d’une famille. Mes parents m’ont souvent raconté leurs trois guerres : la Seconde Guerre mondiale avec le convoi des Américains traversant leur village kabyle et mon oncle officier parti de Tunis pour aller jusqu’à Berlin avec trente blindés. Les deux autres guerres sont liées à la décolonisation de l’Indochine et l’Algérie. L’invraisemblable, l’improbable s’invite toujours dans la vraie vie et l’album de ma famille peut en témoigner comme celui de Maurice Grosman.
Dans la vraie vie de Maurice Grosman, j’ai été surpris par ces coups du sort successifs qui lui ont permis d’échapper à une destinée tragique. On parle de chance, de bonne étoile, d’ange gardien, on l’exprime avec ces mots car parfois on est sidéré devant ces concours de circonstances dû à un simple hasard ou une chance inattendue. Ces évènements constituent la grande histoire de la vie du petit Maurice.
J’ai été troublé par une géographie de proximité, les lieux où se déroule l’action de mon film sont des endroits que je connais, du 18e arrondissement de Paris à l’hôpital de Garches. J’emprunte quotidiennement les rues, les avenues que le petit Maurice arpentait pour rejoindre celle qui a remplacé sa mère.
Autre fascination pour moi, c’est le décalage entre l’image que les fils de Grosman avaient de cette période de la vie de leur père, forcément triste, sombre, dépressive et ce que Maurice Grosman m’a raconté : un épisode triste bien sûr, dû principalement à l’absence de sa famille, mais aussi des instants joyeux et lumineux.
Comment des enfants peuvent-il s’en sortir ? Sûrement en s’échappant de cette réalité routinière et parfois oppressante où l’ennemi n’est ni l’armée du IIIe Reich, ni la maladie, mais l’ennui. Pour résister, le jeu et la fantaisie deviennent indispensables afin de s’émerveiller d’être encore vivant et donner aux événements anodins une intensité rare. Mettre en lumière cet aspect du témoignage de Maurice Grosman m’a séduit : j’avais ainsi la dimension universelle de l’histoire de ces enfants qui résistent à leur manière en puisant leur énergie dans leur imaginaire. Ils s’inventent une autre réalité : ils mangent des carottes en fantasmant sur leurs pâtisseries préférées, ils détournent une leçon de grammaire en imitant un cheval, ils insufflent l’esprit burlesque d’un Charlie Chaplin ou d’un Buster Keaton à l’homme de ménage… Ils pratiquent la résilience sans le savoir.
Enfin la dernière dimension du témoignage de Maurice Grosman qui a trouvé un écho particulier en moi, c’est le fait d’être un fils d’immigré ; il parlait deux langues, celle de l’intérieur et celle de l’extérieur, sa langue maternelle n’était pas le français mais le Yiddish, il naviguait entre ces deux langues qui véhiculent deux modes de pensée, deux mondes dont il est naturellement l’intermédiaire. J’ai connu ce type de situation. Maurice Grosman m’a raconté que sa langue maternelle perdait progressivement du terrain pendant que le français en gagnait considérablement. Et puis un matin il a tout oublié, sa mère n’était plus là pour extirper des mots, des expressions enfouies au fond de sa mémoire.
L’identité, l’intégration font encore partie de notre actualité politique depuis la Révolution française et l’instauration du droit du sol. Le citoyen que je suis est convaincu que la commémoration de la Shoah représente un bouclier qui protège tous les enfants, les petits-enfants, les arrière-petits-enfants de l’immigration.
Dossier de presse “Les enfants de la chance”
Français ~ 16 pages ~ 5,8 Mo ~ pdf