Présentation et discussion avec le réalisateur Jacques Perrin, le compositeur Bruno Coulais et le producteur exécutif Olli Barbé
Jacques Perrin et Jacques Cluzaud nous convient à un formidable voyage à travers le temps pour redécouvrir ces territoires européens que nous partageons avec les animaux sauvages depuis la dernière ère glaciaire jusqu’à nos jours. L’hiver durait depuis 80 000 ans lorsque, en un temps très bref, une forêt immense recouvre tout le continent. Une nouvelle configuration planétaire et tout est bouleversé. Le cycle des saisons se met en place, le paysage se métamorphose, la faune et la flore évoluent. L’histoire commence… À un interminable âge de glace succède une forêt profonde et riche puis, sous l’impulsion d’hommes nouveaux, une campagne riante. Les Saisons est une épopée sensible et inédite qui relate la longue et tumultueuse histoire commune qui lie l’homme aux animaux.
Equipe & Casting
Réalisateurs • Jacques Perrin and Jacques Cluzaud
Directeurs de la photographie • Stéphane Aupetit, Michel Benjamin, Jérôme Bouvier, Laurent Charbonnier, Philippe Garguil, Éric Guichard, Laurent Fleutot, Sylvain Maillard and Christophe Pottier
Scénario • Jacques Perrin, Jacques Cluzaud and Stéphane Durand
Producteurs • Jacques Perrin and Nicolas Elghozi
Producteur exécutif • Olli Barbé
Compositeur • Bruno Coulais
Post-production • Christian Guillon
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Nous avons grandi depuis dix mille ans avec la forêt. Elle nous a nourris, chauffés, protégés. Plus encore, elle a nourri nos rêves, nos contes et nos légendes. Elle est le terrain des jeux de notre enfance. C’est le dernier espace de liberté de nos contrées urbanisées. L’homme a besoin des arbres. Pourtant, aujourd’hui, ce sont les arbres qui ont besoin des hommes. Nous vivons une époque chaotique mais passionnante : le temps d’une vie humaine, la civilisation paysanne a disparu ; l’agriculture est devenue une industrie et les campagnes se sont presque vidées de leurs paysans, de leurs fleurs, de leurs papillons et de leurs hirondelles.
On se félicite de l’expansion continue de la forêt française et européenne, qui a doublé ses surfaces depuis Napoléon et, dans le même temps, nous saignons à blanc les forêts tropicales et équatoriales. Nous envisageons la forêt comme l’un de nos meilleurs atouts pour lutter contre le réchauffement climatique mais nous constatons que la majorité des arbres de la planète, s’ils ne sont pas abattus, souffrent désormais d’embolie : le climat devient trop chaud et surtout trop sec. Ces géants fragiles ne seront bientôt plus en mesure de lutter, de contrecarrer la crise climatique.
Sachons accepter ces espaces sauvages qui échappent à nos règles, à nos calculs et qui ne répondent ni à nos exigences de rentabilité ni à nos critères esthétiques. L’homme n’a pas seulement besoin des produits de la forêt, il a besoin de l’imprévisibilité du monde vivant. Il a besoin de rêve, d’aventures, de surprises. Notre soif d’absolu est impossible à étancher. Il lui faut un terrain d’aventure à la mesure de son immensité. En prélude à chacune de leurs palabres, les Iroquois avaient pour coutume de désigner celui qui, parmi eux, parlerait au nom du loup, l’une des figures emblématiques de leur civilisation. Qui, aujourd’hui, parlera au nom des arbres et des papillons, des crapauds et des loups, des éléphants et des baleines, au nom de tous ces encombrants et ces insignifiants ?
Le biologiste canadien David Suzuki, grand spécialiste de la forêt, écrit que « pour comprendre l’arbre, il faut comprendre la forêt ». Et il termine en appelant de ses vœux une nouvelle déclaration universelle : non plus une déclaration d’indépendance comme il y en a tant, mais la déclaration d’interdépendance de tous les vivants.
Bruno Coulais
J’ai tenté avec la musique des Saisons d’inscrire le film dans l’univers du conte naturel. La densité musicale par rapport à celle de l’image a été ma préoccupation constante. Ainsi, la musique est souvent perçue dans le lointain comme des chants parmi les sons de la forêt. Elle colore la bande-son avec une certaine mélancolie plus qu’elle ne commente la situation. Elle marque également le temps et le passage immuable des saisons par des vibrations de cloches, marimbas, vibraphones, boîtes à musique et des légers glissés de cordes et de harpes. J’ai pensé l’orchestration en fonction de la spatialisation avec des échos de bois, percussions et cordes.
Chercheurs d’or en quête d’images fabuleuses
Les mammouths sont entrés dans Paris, les baleines, les phoques et les dauphins remontent la Seine, les aurochs font résonner leurs mugissements dans les forêts profondes de Bourgogne, les esturgeons encombrent le Rhône, les bouquetins dansent dans les calanques aux portes de Marseille, les pluies d’éphémères enchantent les chaudes soirées d’été… Des histoires comme celles-ci, nous en avons rempli toute une malle en nous promenant dans les livres et les laboratoires, en rencontrant de nombreux chercheurs, en multipliant les points de vue. Nous sommes des chercheurs d’or en quête d’images fabuleuses.
Pour raconter 20 000 ans d’histoire des animaux sauvages d’Europe, nous avons pris le temps de musarder dans le vaste univers des sciences, le temps de réfléchir, de rêver, de nous tromper. Est-il possible de faire un film de cinéma sur un sujet que l’on ne maîtrise jamais complètement ? Il faut probablement une bonne dose d’inconscience pour se lancer dans pareille aventure. Chaque film est un pari avec l’enthousiasme pour seul guide. Le film Les Saisons est doublement risqué puisque, à la dimension spatiale, nous avons ajouté la dimension temporelle. Il faut oser se perdre pour trouver. Notre scénario est resté ouvert le plus longtemps possible à l’imprévu, au doute, à la surprise. Liberté maximale de l’écriture.
Sur le papier, tout est possible. Cette liberté, nous l’avons conservée jusqu’au montage, ce qui rend d’autant plus délicat le travail de tous ceux qui organisent le plan de travail, préparent le budget, repèrent les décors, travaillent avec les animaux : des scènes entières peuvent disparaître du jour au lendemain, réduisant à néant leurs efforts… Nous avons surtout passé beaucoup de temps sur le terrain, auprès des animaux sauvages, pour tenter de capter l’instant magique. La nature est un plateau de cinéma où l’on ne maîtrise pas l’éclairage. Il faut attendre, s’armer de patience et se fondre dans le milieu.
Ne pas savoir où l’on va est le seul moyen de conserver intactes la curiosité qui nous anime depuis le début, l’envie d’aller y voir d’un peu plus près. Il s’agit de comprendre des êtres parfois très proches qui, eux aussi, s’expriment, ressentent, vibrent de désirs et de peur, partagent notre territoire et notre histoire. Il se passe quelque chose autour de nous qui vaut la peine qu’on s’en soucie un peu, qu’on s’y attarde, et dont l’expérience est toujours enrichissante. Pour transmettre cette émotion, il nous faut abandonner la position de l’observateur lointain et surplombant pour participer au mouvement même de la vie et plonger au cœur de l’action, parmi les animaux, parmi les “observés”, et vivre comme eux le monde qui les environne.
Dossier de presse “Les Saisons”
Anglais ~ 26 pages ~ 1,4 Mo ~ pdf
Dossier de presse “Les Saisons”
Français ~ 24 pages ~ 84 Mo ~ pdf