Présentation et discussion avec Marianne Denicourt, actrice
Tous les habitants, dans ce coin de campagne, peuvent compter sur Jean-Pierre, le médecin qui les ausculte, les soigne et les rassure jour et nuit, 7 jours sur 7. Malade à son tour, Jean-Pierre voit débarquer Nathalie, médecin depuis peu, venue de l’hôpital pour le seconder. Mais parviendra-t-elle à s’adapter à cette nouvelle vie et à remplacer celui qui se croyait… irremplaçable ?
• Nomination aux Césars pour le meilleur acteur: François Cluzet, 2017 •
Equipe & Casting
Réalisateur • Thomas Lilti
Directeur de la photographie • Nicolas Gaurin
Scénario • Thomas Lilti and Baya Kasmi
Compositeurs • Alexandre Lier, Sylvain Ohrel et Nicolas Weil
Producteurs • Emmanuel Barraux et Agnès Vallée
Avec :
Marianne Denicourt, François Cluzet …
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Praticien hospitalier dans Hippocrate, vous voilà médecin de campagne dans Médecin de campagne. Même métier, même rôle, ou bien est-ce très différent ?
Un monde sépare ces deux rôles et ces deux pratiques. En ce qui me concerne, l’engagement fut très différent. Dans Hippocrate, je n’avais quasiment pas de geste médical à accomplir. Les questions de rapport de pouvoir entre les membres du personnel médical étaient plus importantes que la relation médecin-malade. C’est tout le contraire dans Médecin de campagne. J’ai dû longuement me préparer pour jouer ce rôle. Avec un médecin traitant, j’ai appris plusieurs gestes de base : prendre la tension, se servir d’un stéthoscope, prendre le pouls, écouter un patient. Avec une infirmière, j’ai appris à poser un garrot, à faire un pansement, des nettoyages de plaies, des sutures. J’ai même fait un stage de secourisme, à la Sécurité Civile. Savoir tout cela m’a permis, une fois arrivée sur le plateau de tournage, de ne me concentrer que sur mon rôle. Dans la foulée d’Hipprocrate, Thomas Lilti m’a fait ce beau cadeau de me proposer un rôle avant même d’avoir écrit le scénario. J’ai donc pu travailler ce personnage pendant deux ans avant d’arriver au tournage. Ça m’a donné une liberté extraordinaire et aussi une grande responsabilité. Thomas était réceptif à mes propositions et je lui suis très reconnaissante de sa confiance. C’était formidable d’être à ce point associé à l’invention d’un personnage.
Dans Un métier idéal, John Berger décrit le médecin de campagne comme un héros. Avez-vous eu le sentiment d’être une véritable héroïne ?
Avant de lire le livre de John Berger, j’avais lu les livres de Marie Didier, en particulier Contre Visite et Dans la nuit de Bicêtre. Par la suite, j’ai rencontré cette femme qui, en plus d’être une merveilleuse écrivaine, est médecin. J’ai découvert sa lumière, les rapports magnifiques qu’elle entretient avec ses patients, son visage, sa vérité courageuse… Pour moi, Marie Didier est une véritable héroïne. Elle a été une de mes sources d’inspiration. Quant au livre de John Berger et du photographe Jean Mohr, il est effectivement magnifique. On y voit bien ce qu’est le dévouement extraordinaire du médecin de campagne.
Un dévouement qui est aussi celui du docteur Werner dans le film.
Oui, c’est cet engagement au service des patients que François Cluzet a joué avec cette force d’incarnation remarquable. Travailler pour ce Médecin de campagne m’a permis de mieux connaître sa personnalité extrêmement bienveillante, franche et généreuse. C’est un acteur qui aime le collectif. Comme lui, je pense que la source de la créativité est dans le rapport à l’autre, le partage. François tenait à ce que nous travaillions chaque scène avec Thomas, de manière à en déceler les enjeux, à analyser l’évolution des rapports entre nous.
Dans le film, vous n’avez pas l’âge habituel d’un jeune médecin remplaçant. Vous avez déjà une histoire derrière vous…
Un rôle, c’est comme une équation avec beaucoup d’x. Il y a plein de choses à résoudre. On se sert parfois de la réalité pour le construire. À l’hôpital d’Alès, j’avais rencontré une femme qui, après avoir été infirmière, avait entamé des études de médecine. Je m’en suis souvenu pour le rôle de Nathalie. C’est le mystère de Nathalie, qu’est-ce qu’elle vient faire là ? Pourquoi elle s’accroche comme ça alors que Werner fait tout pour la dégoûter ? C’est certainement quelqu’un qui a souffert et qui renait de sa souffrance. Qui n’a pas vraiment le choix non plus. C’est peut-être ça la vocation, l’engagement : cette nécessité.
Précisons tout de même qu’elle revient chez elle, dans la maison de son père. Qu’en quelque sorte, elle retrouve ses racines…
Oui, absolument, vous avez raison. Elle a la force de ceux qui ont déjà une vie derrière eux et ce n’est pas un troupeau d’oies vindicatives qui vont la faire renoncer.
Entre temps, elle a également été urgentiste…
Thomas y tenait, sans doute en vue de la scène avec le maire, lorsqu’il se blesse et qu’il faut intervenir en urgence, en pleine nuit.
Une scène importante en effet, où l’on s’aperçoit que la transmission entre le docteur Werner et Nathalie peut être réciproque. Elle connaît des gestes que lui ne connaît pas.
Cette scène survient au moment même où il semble décidé à se séparer de Nathalie. À cet instant, il prend conscience qu’il a besoin d’elle. Leur relation bascule.
Les acteurs qui vous donnent la réplique, vous les considériez comme des acteurs ou, plutôt, comme des patients ?
Jouer c’est arriver à se dédoubler, à y croire. C’est très étrange. Tout d’un coup, je me suis retrouvée docteur avec un patient en face de moi et j’y croyais ! Il faut dire que tous ces acteurs avec lesquels je jouais étaient étonnants de vérité.
Dossier de presse “Médecin de campagne”
Anglais ~ 5 pages ~ 406 Ko ~ pdf
Dossier de presse “Médecin de campagne”
Français ~ 11 pages ~ 406 Ko ~ pdf