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2011 Festival Feature Films (March 24-27)
L'acteur Aurélien Recoing présente Demain dès l’aube
réalisateur Denis Dercourt scénariste Denis Dercourt, Jacques Sotty acteurs Vincent Perez, Jérémie Rénier, Aurélien Recoing, Anne Marivin durée 1 h 40 min
tout public
Synopsis
La relation de deux frères dont le plus jeune est passionné de batailles historiques, au point d’être coupé de la réalité et de ne plus vivre qu’à travers des jeux de rôles reconstituant la période napoléonienne. À la demande de leur mère, Mathieu, l’aîné, va tenter de sortir Paul de cet univers mystérieux et secret où la frontière entre jeu et réalité n’existe pas toujours. Pour y parvenir, il n’aura d’autre choix que d’y basculer à son tour.
réalisateur/scénariste
Denis Dercourt
2008 |
Demain dès l’aube |
2005 |
La Tourneuse de pages |
2003 |
Mes enfants ne sont pas comme les autres |
2000 |
Lise et André |
1998 |
Les Cachetonneurs |
1997 |
Le Déménagement |
acteurs/réalisateurs
Vincent Perez
2010 |
Monsieur Papa de Kad Merad |
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La Première Fois de Marie-Castille Mention-Schaar |
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Un baiser papillon de Karine Silla |
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Tempus fugit de Fred Grivois |
2009 |
Donoma de Djinn Carrénard |
2008 |
Demain dès l’aube de Denis Dercourt |
2005 |
Nouvelle-France de Jean Beaudin |
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Si j’étais toi de Vincent Perez |
2003 |
La Felicita, le bonheur ne coûte rien de Mimmo Calopresti |
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Je reste ! de Diane Kurys |
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Bienvenue en Suisse de Léa Fazer |
2002 |
Fanfan la Tulipe de Gérard Krawczyk |
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Queen of the Damned de Michael Rymer |
2001 |
Peau d’Ange de Vincent Perez |
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Le Pharmacien de garde de Jean Veber |
2000 |
Le Libertin de Gabriel Aghion |
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Les Morsures de l’aube de Antoine de Caunes |
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Scénarios sur la drogue : hier, tu m’as dit demain de Vincent Perez |
1999 |
Le Temps retrouvé de Raoul Ruiz |
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Épouse-moi de Harriet Marin |
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Rien dire de Vincent Perez |
1998 |
Ceux qui m’aiment prendront le train de Patrice Chéreau |
1997 |
Le Bossu de Philippe de Broca |
1996 |
Ligne de vie de Pavel Lounguine |
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Bull business de Richard Bean |
1995 |
Par-delà les nuages de Michelangelo Antonioni |
1994 |
La Reine Margot de Patrice Chéreau |
1992 |
Indochine de Régis Wargnier |
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Fanfan de Alexandre Jardin |
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Cendre d’or de Jean-Philippe Ecoffey |
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L’Echange de Vincent Perez |
1991 |
Le Voyage du Capitaine Fracasse de Ettore Scola |
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La Neige et le feu de Claude Pinoteau |
1990 |
Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau |
1988 |
La Maison de Jade de Nadine Trintignant |
1986 |
Gardien de la nuit de Jean-Pierre Limosin |
Jérémie Rénier
2010 |
Trois chats de Martin Scali |
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Philibert de Sylvain Fusée |
2009 |
Pièce montée de Denys Granier-Deferre |
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Potiche de François Ozon |
2008 |
Demain dès l’aube de Denis Dercourt |
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Plus rien jamais de Lionel Mougin |
2007 |
Coupable de Laetitia Masson |
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Le Silence de Lorna de Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne |
2006 |
Fair Play de Lionel Bailliu |
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L’Heure d’été de Olivier Assayas |
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Nue propriété de Joachim Lafosse |
2005 |
Cavalcade de Steve Suissa |
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L’Enfant de Luc Dardenne, Jean-Pierre Dardenne |
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Dikkenek de Olivier Van Hoofstadt |
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Président de Lionel Delplanque |
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Un amour à taire de Jérémie Rénier |
2004 |
San-Antonio de Frédéric Auburtin |
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Le Pont des arts de Eugène Green |
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Toi, vieux de Pierre Coré |
2003 |
Violence des échanges en milieu tempéré de Jean-Marc Moutout |
2001 |
Le Pacte des loups de Christophe Gans |
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Le Pornographe de Bertrand Bonello |
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Le Troisième Œil de Christophe Fraipont |
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La Guerre à Paris de Yolande Zauberman |
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En territoire indien de Lionel Epp |
2000 |
Faites comme si je n’étais pas là de Olivier Jahan |
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Saint-Cyr de Patrizia Mazuy |
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Le Fétichiste de Nicolas Klein |
1999 |
Les Amants criminels de François Ozon |
1996 |
La Promesse de Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne |
1991 |
Toto le héros de Jaco Van Dormael |
Aurélien Recoing
2011 |
Switch de Frédéric Schoendoerffer |
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Magma de Pierre Vinour |
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Cargo, les hommes perdus de Léon Desclozeaux |
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Joseph et la fille de Xavier de Choudens |
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Equinoxe de Laurent Carcelés |
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Poursuite de Marina Déak |
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Kill Me Please d' Olias Barco |
2009 |
La Horde d' Yannick Dahan, Benjamin Rocher |
|
L'Etranger de Franck Llopis |
2008 |
La Saison des orphelins de David Tardé |
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Diamant 13 de Gilles Béat |
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Demain dès l'aube de Denis Dercourt |
2007 |
L'Inconnu d' Aurélien Vernhes-Lermusiaux |
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Un éclat de Rodolphe Viémont et Pierre Lumens |
2006 |
Un ami parfait de Francis Girod |
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Paris Nord-Sud de Franck Llopis |
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L'Ennemi intime de Florent Emilio Siri |
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Contre-enquête de Franck Mancuso |
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Le Secret de Sébastien Fabioux |
2005 |
Douches Froides d' Antony Cordier |
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Orlando Vargas de Juan Pittaluga |
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Müetter de Dominique Lienhard |
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Tzameti de Gela Babluani |
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Les Fragments d'Antonin de Gabriel Le Bomin |
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Play the Game de Stéphane Barbato |
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Pardonnez-moi de Act Maïwenn |
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Sergueï et Tatiana de Jean-Yves Guilleux |
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La Vie privée de Zina Modiano |
2004 |
Trois couples en quête d'orages de Jacques Otmezguine |
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Souli de Alexanbyr Abela |
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Jour blanc de Germinal Alvarez |
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Insurrection / Résurrection de Pierre Merejkowsky |
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Mauvais Jour de Juan Carlos Medina |
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La Bouée de Jérôme Brière |
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Nuit noire 17 octobre 1961 d' Alain Tasma |
2003 |
Tais-toi ! de Francis Veber |
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Textiles de Jérôme Brière |
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L’Ennemi Naturel de Pierre Erwan Guillaume |
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Dans le rouge du couchant de Edgardo Cozarinsky |
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Cette femme-là de Guillaume Nicloux |
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Sens dessus dessous : La Boîte noire de Angelo Cianci |
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Pôv' fille ! de Jean-Luc Baraton, Patrick Maurin |
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Le Pays des ours de Jean-Baptiste Leonetti |
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Océan Pacifique d' Alain Munch |
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Dans le rêve de l'autre de César Campoy |
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Un autre homme de Catherine Klein |
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Je m'indiffère d' Alain Rudaz et Sébastien Spitz |
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Un fils d' Amal Bedjaoui |
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Claire l'obscure de Joël Farges |
2002 |
Loup ! de Zoé Galeron |
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Premier cri de Xavier Mussel |
2001 |
L'Emploi du temps de Laurent Cantet |
2000 |
La Vie moderne de Laurence Ferreira Barbosa |
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Un jeu d'enfants de Laurent Tuel |
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Tant pis pour les autres de Pascal Louan |
1995 |
Paris-Clichy de Colin Ledoux, Marin Rosenstiehl |
1994 |
Poubelles d'Olias Barco |
1992 |
La Femme à abattre de Guy Pinon |
Entretien avec le réalisateur Denis Dercourt
Comment avez-vous eu connaissance de cet univers de jeu de rôles que dépeint Demain dès l’aube ?
Il y a huit ans, j’ai découvert par un article dans un journal l’existence de ces gens qui chaque week-end endossent un costume et recréent aussi fidèlement que possible certaines périodes historiques, la plus représentée étant l’époque napoléonienne. C’est un phénomène assez secret, mais qui existe un peu partout dans le monde. Ce milieu n’était pas si éloigné de moi puisque de par ma formation, je viens de la musique baroque, un univers où l’on reconstitue également beaucoup les données de l’époque dont on joue la musique... Ainsi, de la même façon que les musiciens ont recours aux instruments anciens, les participants à ces jeux de rôles développent une connaissance très précise de l’époque de Napoléon, et en exhument le langage, les costumes, les armes, les batailles …
Au cours de ces huit années, vous avez fait d’autres films…
Il m’a fallu du temps pour parvenir à cerner comment je pouvais extraire ce qu’il y avait d’intéressant et de cinématographique dans ce monde qui est certes assez fascinant, mais qui implique des gens tournés tout entier vers le passé, parfois à la limite de la schizophrénie : il est impossible de savoir ce que font les joueurs dans la vie de tous les jours. La folie du détail historique (ces gens sont en général très documentés), se double d’une folie de l’étanchéité aux autres — personne ne doit savoir quelle est leur identité lorsque qu’ils ne jouent plus les hussards. Pourtant, cette passion contamine souvent toute leur existence : les appartements des gens chez qui nous nous sommes rendus pour emprunter des accessoires ou des costumes ont quelque chose du musée, ils sont envahis par l’univers napoléonien. Tout cela m’a fasciné et à un certain stade, après avoir abandonné et repris en main plusieurs fois le projet, j’ai compris que l’étrangeté de ce phénomène serait propice à ce qu’on lui imprime une mécanique de thriller, une tension de film de genre.
Vous vous êtes mêlé à ces gens ?
Je me suis souvent rendu à des reconstitutions de batailles et à des bivouacs, pour observer comment cela fonctionnait. Mais je n’ai jamais franchi le pas de revêtir moi-même le costume. C’était d’ailleurs une des choses difficiles à installer dans la narration, ce moment où Mathieu enfile l’uniforme et passe ainsi d’un monde à l’autre. Les raisons qu’il a de le faire sont complexes, et ont peut-être à voir avec la dimension hypnotique du masque, du costume. Ce moment est une bascule, un glissement, presque un coup de folie, qui engage à sa façon les notions de réel et de virtuel.
Comment avez-vous structuré cette matière pour l’imbriquer dans une mécanique de cinéma de genre ?
Autant que celle du thriller, je voulais que mon récit ait l’atmosphère d’un conte, même si ce conte devient cauchemardesque. Il ne faut pas oublier que tout dans cet univers repose sur le jeu. Et il y a donc quelque chose de fondamentalement enfantin, à vouloir ainsi jouer à être quelqu’un d’autre. Lorsqu’on interroge ce qui pousse ces gens à estomper leur identité pour se projeter ainsi en hussards, on a affaire au reliquat d’enfance présent en chacun, réprimé mais bien là, enfoui. Elle s’exprime ici par une inclinaison que je crois très cinématographique, le goût du déguisement.
C’est un peu plus souterrain, mais on peut aussi y voir une analyse diffuse des mécanismes psychologiques sur lesquels s’appuie la machine sectaire ?
Oui. On peut aussi y retrouver la dimension paranoïaque du film de société secrète. Il me semble que cela est particulièrement prégnant dans la scène où Mathieu croise Rogart à l’hôpital. Il est chirurgien major dans l’armée, mais simple aide-soignant dans la vie réelle. Il répond à Mathieu: "Personne ne doit savoir que nous sommes des soldats de l’empereur". Il regarde autour de lui avec méfiance, et il dit cette phrase délirante, alors que la scène se déroule loin des reconstitutions de champs de batailles, dans un hôpital moderne. On voit bien la hiérarchie qu’il établit entre ses deux vies : sa vie réelle ne pèse pas bien lourd à côté de celle qu’il se rêve…
En contrepoint de cette dimension de votre film, il y a un récit familial.
Comme il s’agit d’un univers très étrange, il fallait qu’en miroir de cela il soit très facile de s’identifier au personnage que l’on suit, un personnage auquel on puisse s’attacher et s’identifier, avec une histoire familiale aux ressorts dramatiques simples. Le récit de la relation entre deux frères constituait une situation riche mais aussi suffisamment commune pour que chacun puisse retrouver quelque chose de soi. Par ailleurs, il fallait des déclencheurs : le trouble dans le couple de Mathieu et la maladie de la mère jouaient ce rôle-là. Tout cela compose une histoire que je voulais simple, presque banale, pour que chacun puisse s’y retrouver.
Quels modèles ont guidé l’écriture de votre film ?
En général, je préfère parler en termes d’écriture musicale. Le tracé, l’écriture de ce film a beaucoup à voir avec la composition musicale : il s’agissait d’alterner des phases de tensions et de détente sur une trame somme toute assez linéaire, un récit qui pourrait être une portée sur une partition. En écrivant j’ai beaucoup pensé à Ravel et son amalgame de mécaniques d’horloger et de parfum d’enfance qui s’expriment très simplement, avec beaucoup d’évidence. L’intrigue de Demain dès l’aube se compose autour de quelques reliefs dramatiques saillants, presque inamovibles, tandis qu’entre ces points d’appui je jouais avec les trous et les coupes, des espaces narratifs qui sollicitent la participation du spectateur. Il s’agit moins de comprendre l’intrigue que de l’investir.
Et sur le plan visuel ?
Il fallait par-dessus tout que le film soit beau, dans ses décors, sa lumière, sa musique, ses corps, ses costumes. Cela a présidé à toute la fabrication du film et en particulier à ma collaboration avec Antoine Plateau, le chef décorateur et Rémy Chevrin, le chef opérateur et ensuite avec Jérôme Lemonnier, le compositeur de la musique. Pour que l’on saisisse quelque chose de la fascination, la séduction qui s’opère sur le personnage de Mathieu, il fallait absolument que l’ensemble du film se présente comme très beau et se développe avec du souffle, une certaine ampleur.
Pouvez-vous nous parler du choix des acteurs qui interprètent les deux frères ?
Il y a chez Vincent Perez plusieurs facettes, qui me paraissent très intéressantes. D’une part, c’est quelqu’un qui a une trajectoire complexe : il est à la fois acteur, réalisateur, photographe… D’autre part — et c’était très important pour le film — il y a le fait que Vincent soit un acteur très identifié au genre costumé, entre La Reine Margot, Cyrano de Bergerac, Le Bossu... Aujourd’hui, il n’a plus vraiment envie de jouer ce genre de rôles, et dans mon film on le sent précisément réticent à endosser le costume, se fondre dans l’époque. Cela lui correspondait bien. Par ailleurs, le fait qu’on ne l’ait presque pas vu au cinéma ces dernières années me plaisait. Du fait de l’étrangeté du sujet, je ne voulais surtout pas d’un acteur que l’on voit dans cinq films par an pour tenir le rôle principal. Vincent a fourni un travail de préparation considérable entre l’entraînement pour les combats, et le piano dont il n’avait jamais joué auparavant. Et au final, dans le film, c’est lui qui interprète toutes les pièces de musique, et bien sûr tous les duels. Une excellente entente s’est très vite développée entre lui et Jérémie Rénier, si bien que durant le tournage j’ai souvent eu la tentation de faire durer les scènes, pour le plaisir de les filmer ensemble. Plus on allait de l’avant, plus l’histoire se construisait autour de la dimension d’amitié fraternelle, et cela grâce à la réussite du couple qu’ils forment à l’écran. Ce sont tous les deux des acteurs à la fois très physiques, très concentrés, très précis, capables de choses vraiment surprenantes. Face à tout ce qu’apporte Vincent au film en termes de présence, de retenue, il m’a semblé judicieux de demander à Jérémie de travailler la trajectoire de son rôle dans une direction presque opposée, avec un mélange de fragilité et d’exubérance. Il a une intuition incroyable : dès la première prise il est dans le rôle, dans la scène. Il a une implication totale dans son personnage qui est très impressionnante. Et nous avons beaucoup travaillé sur les moments où Paul enfile son costume de hussard. Il fallait que lorsqu’il endosse l’uniforme, soudain il rayonne, il dégage une beauté qui demeurait feutrée jusque là.
Demain dès l’aube parle de masques, de déguisements, et se révèle un film qui lui-même avance masqué. La première scène laisse croire à un film d’époque, puis on nous parle d’un voyage au Japon qui n’aura pas lieu… Et plus généralement, les scènes de transit entre les deux mondes sont très troublantes.
Ce trouble est un aspect du film auquel je tenais, qui m’a guidé dès l’écriture. Ce qui est sûr aussi, c’est que ces personnages portent un masque tout le temps, et comme dans La Tourneuse de pages, je voulais jouer sur la manipulation, que le film parle aussi de ça. On revient à la structure opaque de ces organisations et à leur horizon possiblement sectaire : dans le discours, les joueurs établissent un partage étanche entre la vie et le jeu, ils ne veulent surtout pas que l’un interfère sur l’autre, mais dans les faits les deux se contaminent à l’évidence. Et cela suscite une confusion dans laquelle s’égarent les personnages et aussi, peut-être, le spectateur.
Ce film tourne autour de l’idée du jeu…
D’ailleurs, il y a eu une espèce d’osmose sur le tournage, qui s’est révélé très plaisant pour tout le monde, sans doute en partie grâce à cela. Au cinéma, on joue à être quelqu’un d’autre, à interpréter des histoires. Et en fabriquant ce récit de déguisements et de monde inventé, sur des vies que l’on se rêve et s’invente, j’avais l’impression de revenir à des fondamentaux du cinéma. Sur le plateau, il y avait plus que jamais quelque chose du jeu, de jouissif à concevoir les scènes de bivouac, de dîner aux chandelles, et de duel. C’est devenu finalement assez rare d’avoir à réaliser des duels. Pour ce film il y en avait trois et cela a été un immense plaisir. Je me suis pris au jeu. |